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LES CARRES DE PIERRE PAUL par J.M. Pesce

Cette photo panoramique, c’est toute une énigme. Comment a-t-elle été prise ?

Il semble que ce soit à l’aide d’un échafaudage  accroché au toit de la petite maison où est né

mon père, puisque à gauche on aperçoit le bout du pignon de celle-ci.

 

Les descendants Montgolfier fréquentaient les chalets, on pourrait imaginer que la photographie ait été prise à bord d’une montgolfière ? Mais ça … c’est de l’imaginaire.

 

De nos jours, il ne reste que cette photo de l’ensemble de l’élevage des huîtres façon

Marène, mais elle en résume bien les pratiques.

 

Cette même photo était, ou est encore, au musée océanique de la Principauté de Monaco.

 

Vue-aerienne-des-Moulieres-a-l-abandon-apres-gu-copie-1.JPG

Dans ces Mouillères qui entouraient les chalets, des bassins de forme rectangulaire ont

été creusés dans l’argile bleue. Les bords de ces bassins étaient retenus par des piquets, comme ceux utilisés pour les marais salants, un chemin permettait d’en faire le tour. Dans les grands axes, des rails permettaient la circulation des chariots en acier aux roues de fonte. Ces petits wagons amenaient soit les huîtres finies pour l’expédition soit  les petites huîtres que l’on collait sur des tuiles qui étaient déposées ensuite sur le fond de sable dans les bassins.

 

Deux hangars de bois au centre « des carrés » abritaient, pour l’un les expéditions, pour l’autre la préparation des tuiles qui recevaient les petites huîtres.

 

Le naissain venait de l’Atlantique, peut-être d’Oléron déjà.

 

On trouvait d’autres petites huîtres sauvages dans l’étang. C’était des huîtres plates.

 

La production était importante, le lieu permettait un grossissement rapide des coquillages.

 

Au centre du panoramique, la photographie montre mon arrière-grand-mère Louise

Conte épouse Pesce, portant un casier d’huîtres avec une autre personne.

 

Au centre de l’exploitation, le plus curieux et le plus vivant, puisque toujours en

mouvement, c’est le moulin à vent. C’est lui la clef de voûte du système. Il rythme le

niveau des bassins suivant le stade de l’élevage et la période au cours de l’année. Le

processus de production était proche de celui de Marène d’Oléron.

 

Le moulin règle les marées, ici artificielles.

 

Au pied du moulin, un sas comportant deux vannes est relié à l’étang par un « canalet ».

 

Ce sas est toujours alimenté par l’eau de l’étang. Une roue à aubes, actionnée par le

Moulin, permet de faire rentrer l’eau dans l’ensemble de l’exploitation en fonction des

besoins, ou bien de la rejeter à l’étang. Il devait y avoir un système d’inversion de la roue

à aube par poulie et courroie.

 

Par manque de vent le système fonctionnait-il avec un moteur ? Je le pense …

 

Cette entreprise était  commandée par le fondé de pouvoir Monsieur Clavel,  grand-

père de l’écrivain Maurice Clavel, il fut maire de 1899 à 1908.

 

Pêche en bord d'étang sur la digue des MoulièresUne digue protégeait les bassins des assauts de l’étang les jours de grand vent à la mer .

Elle fut mise en place tout le long jusqu’au port actuel. Aujourd’hui c’est la promenade qui part du port et qui arrive presque à la pointe de la presqu’île, là où s’arrêtaient les « carrés ». La fin de cette digue créait une petite plage qu’on appelait « la plage enfantine », aujourd’hui face aux machines à sous du Casino.

Après la guerre de 40/45, les bassins existaient mais la digue avait souffert par manque

d’entretien. A l’automne les bassins étaient secs mais les coups de mer de l’équinoxe

envoyaient dans « les carrés » de l’eau avec des petits poissons. Ceux-ci restaient

prisonniers jusqu’au printemps. Petit à petit l’évaporation abaissait le niveau d’eau. A ce

moment-là nous allions, nous les enfants du pays, ramasser les poissons qui avaient grossi.

 

Les poissons restants séchaient dans les bassins qui se recouvraient de sel. L’eau s’étant

définitivement évaporée, nous roulions à vélo dessus. C’était un grand terrain de jeu.