LA REVUE L'ILLUSTRATION CONSACRE 3 ARTICLES A BALARUC ENTRE 1863 ET 1866
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« Balaruc doit occuper, un jour, le première rang parmi les établissements thermaux les plus précieux et les plus utiles à la France ».

En cherchant sur la toile à l'aide des moteurs avec je ne sais plus quels items, je suis tombé sur un article consacré à Balaruc dans la revue L’ILLUSTRATION. Dans cet article il était fait mention de deux autres précédemment rédigés. Mon appétit insatiable de trouvailles inédites fut alors aiguisé et au final récompensé.
Vous pouvez en juger par vous-même en lisant directement dans le revue par l'intermédiaire des URL à chaque fois pour chaque numéro qui vous calera directement sur l'article dans la revue.
En dehors du contenu très intéressant il y a aussi quelques gravures inédites.
L'ILLUSTRATION tome 42 26/12/1863 n1087 p425
L'article est rédigé par le Docteur Jacquemet. Ce médecin devait être consultant à Balaruc pendant la saison thermale. Les médecins alternaient généralement une pratique dans les villes d'eau pendant l'été puis ailleurs en ville durant l'hiver.

Dans l'article qu'il rédigea pour le compte du journal L'ILLUSTRATION, tome 42 en 1863, on apprend qu'avant Toulon, Vauban avait failli établir à Cette son port militaire et qu'au delà il y avait un petit village dont la source chaude était aussi réputée pour les paralysies que le quinquina pour les fièvres intermittentes.
Il y avait un bateau qui desservait Balaruc et assurait les correspondances avec le chemin de fer à Cette.
L'étang est décrit avec ses sources de l'Abysse au large fumant en hiver et d'Enversac à proximité de ND de Balaruc près d'un rocher dans une anse, appelée aussi Fontaine d'Alésieu. L'auteur explique le phénomène d'inversa puis décrit de manière très poétique la presqu'île, vue de la terrasse de l'établissement thermal. Au sein de l'étang on a cette vision où "de loin et la nuit venue, l'étincelant éclairage de la ville et les feux de la gare se confondent avec les étoiles d'un ciel qui n'a rien à envier à celui de Naples...".
L'état sanitaire de la ville était irréprochable, les gens locaux se distinguaient par une particulière robustesse et une remarquable longévité.

L'auteur évoque avec beaucoup d'empathie comment les vrais patients reprennent du baume au vécu de l'amélioration de leur handicap et de celui des autres. "Des cures inespérées, voilà la source du courage et de l'espérance; il n'y a pas d'effet moral plus agréables pour les vrais malades".
Le Docteur Jacquemet parle aussi de l'amélioration du confort de l'accueil des curistes mais aussi de celui de la technique des thermes due aux prouesses d'un certain Mr J. François dont on reparlera par la suite et qui avait mis au point un système d'extraction des éléments minéraux de la source chaude.
Par ailleurs et dès cette époque on connait le passé gallo-romains de Balaruc avec ses thermes à piscine de marbre blanc, son temple de Neptune et son aqueduc desservant les thermes et probablement la villa de la pointe... Des fouilles étaient pratiquées dès 1863, comme le confirmera l'abbé Bousquet en 1874 dans son ouvrage.
L'auteur évoque ensuite les différents affermages de la source minérale d'abord au chapitre cathédral de Maguelone jusqu'à la Révolution.
L'ILLUSTRATION tome 45 01/04/1865 n1153 p205
https://books.google.fr/books?id=sQ9zH-E4GigC&hl=fr&pg=PA205#v=onepage&q&f=false
Le Docteur de Laplagne, rédacteur de l’article, est médecin-consultant à Balaruc du 15 avril au 15 octobre et à Paris en dehors de la saison au 56 boulevard de Sébastopol.
Il décrit les techniques de base utilisées à Balaruc telles douches, baignoires et piscines activées. On introduisit les eaux-mères des salines voisines c'est à dires des marais salants. Ceci pour améliorer les résultats en particulier dans la scrofule (lymphatisme issu de maladies infectieuses). Les bains dans l'eau de l'étang étaient pratiqués ainsi que les massages.

Dans ce numéro de l'ILLUSTRATION, l'auteur revient sur le site privilégier de Balaruc près de Cette avec de loin, sa forêt de mats mobiles et pavoisés et sur l’étang aux bateaux à vapeur, bricks et autres bateaux de plaisances.
Ce nouvel article dans ce journal était motivé par le résultat de fouilles archéologiques récentes et par l'évolution des techniques thermales.
En effet, l'article précise qu'à l'entrée du parc thermal, à quelques pas, on pouvait voir la piscine romaine de marbre blanc que décrira aussi l'abbé Bousquet. Elle faisait 12m large sur 24 m de long. Au dire de l'auteur de l'article, ce que confirmera l'abbé, les ouvriers furent gênés dans leurs fouilles par de grandes quantités d'eau à 48 degrés, plus de 500 000 litres par 24h parait-il, bouillonnaient de toutes parts. C'est normal, les romains avaient bâti leur piscine au lieu même de la résurgence.
Outre l'intérêt que l'on portait au climat particulièrement favorable qui durait au-delà de l’été, la ville était classée station climatique. Balaruc améliorait sa prestation hydro-thérapeutique en introduisant des procès nouveaux au delà de ceux déjà traditionnellement connus.

Les dernières techniques modernes alors introduites aux thermes permettaient de "concentrer les principes actifs de leurs eaux sous le moindre volume pour rendre l'usage et le transport plus facile". On apprend que la technique de concentration du contenu minéral permettait de transporter facilement le produit soit pour reproduire l'eau par la suite en diluant, soit pour l'utiliser plus concentré soit pour le prendre sous forme de dragées. L'eau de Balaruc "salée, magnésienne et cuivreuse" n'avait parait-il rien à redouter de cette technique de concentration et de la conservation ultérieure de ses propriétés.
Pour confirmer ses dires, le Docteur de Laplagne convoque les plus éminents scientifiques de l'université de Montpellier toute proche en la personne du Docteur Rousset ancien médecin-inspecteur de Balaruc aussi, mais devenu secrétaire général de l'Académie des Sciences de Montpellier, ainsi que de M. Béchamp, professeur de chimie dans la même université.
Le médecin de Balaruc décrit le matériel et la technique d'extraction des minéraux et leur conditionnement en en précisant les indications et modalités de prise soit en préparation avant la saison soit en complément à sa suite, pour pérenniser ses effets.
Aux dires de ce fin clinicien, ces techniques faisaient merveille dans les affections telles "engorgements lymphatiques, sujétion aux douleurs, aux névralgies, mouvements congestifs vers le cerveau, menaces d'apoplexie et de paralysies qui en sont trop souvent le cortège obligé".
Le Docteur de Laplagne rappelle dans son article les effets des traitements de Balaruc en particulier dans la récupération des paralysies. Le médecin rappelle les propos de son confrère secrétaire général de l’Académie des Sciences, le Docteur Rousset, disant qu’«il n’est personne qui, entendant parler de paralysie, ne pense à Balaruc, comme aussi le nom de Balaruc rappelle l’idée de paralysie : ces deux mots, désormais, sont inséparables ». Il cite aussi les propos d’un autre confrère Maxime Durand-Fardel qui dans son Traité de thérapeutique des eaux minérales de France et de l’étranger parle de l’effet particulier des eaux minérales de Balaruc dans les rhumatismes goutteux et dans la scrofule. En ce qui concerne la paralysie il affirme que «les eaux de Balaruc réunissent toutes les qualités stimulantes et résolutives à un degré thermal que ne peut atteindre aucune de leurs rivales» (1).

Balaruc attirait les patients de partout et souvent des plus prestigieux. On se rappelle l’histoire du célèbre scientifique aérostier Joseph Montgolfier qui 50 ans avant venait à Balaruc pour soigner son hémiplégie sur les conseils avertis de ses médecins parisiens.
Les effets sont aussi remarquables dans la scrofule et le lymphatisme. En effet le Docteur de Laplagne site les propos d’un confrère, le Docteur Rotureau, auteur d’un livre sur Les eaux minérales de France. Il dit à propos de la scrofule et le lymphatisme que « l’efficacité de la source de Balaruc a été signalée par tous ceux qui ont observé à cette station thermale. Lorsque l’eau de cette source sera refroidie par l’eau-mère des lacs salants, Balaruc deviendra la première station de France contre les accidents scrofuleux. L’action de ses eaux sera d’autant plus précieuse, qu’elles se trouvent dans un pays dont le climat sec et chaud est un puissant auxiliaire… ».
Le médecin rappelle ici l’avis prophétique du Docteur Alibert, médecin du roi Charles X, qui dans son Précis sur les eaux minérales dit que « Balaruc doit occuper, un jour, le première rang parmi les établissements thermaux les plus précieux et les plus utiles à la France ».
Aujourd’hui les rhumatismes dégénératifs ont pris la place des goutteux car la goutte est mieux soignée, la scrofule et le lymphatisme ont disparu grâce au traitement efficace de la syphilis et de la tuberculose, enfin restent les paralysies qui pourraient encore, dans la récupération de ses séquelles, jouir de l’effet résolutif et stimulant des eaux de Balaruc chaudes, qui pourrait être augmenté encore si l’on y rajoutait en les refroidissant, l’eau-mère des marais-salants (2). Malheureusement les marais-salant ont disparu chez nous et les paralysies ont été prises en charge à Lamalou qui maîtrise depuis longtemps la prise en charge rééducative de ces patients.
L'ILLUSTRATION tome 47 14/04/1866 n1207 p237

Dans cet article d'un certain Fournier on reprend en résumé ce qui a été dit dans les articles des précédents numéros. Il décrit les soins et la vie des patients et leur manière d'occuper leur temps. Il y a cependant un élément intéressant pour lequel je n'ai pas de documentation, ce sont les fameux chalets de famille qu'occupaient les familles et qui bordaient le parc des Bains romains près de la piscine romaine redécouverte.
Il parle à nouveau de l'intérêt des eaux-mères extraites des marais-salant de Villeroy et de leur valeur ajoutée dans le traitement de la scrofule. Il parle des batelets qui tous les jours venaient accoster pour livrer les eaux-mères.

(1)- Docteur Maxime Durand-Fardel, Traité de thérapeutique des eaux minérales de France et de l’étranger, Eaux Chlorurées sodiques et scrofule, p287.
(2)- Eau-mère des salines: eau extraite après cristallisation du sel dans le cas des eaux-mères des marais salants.