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BALARUC AU XVIème SIECLE DEUX TEMOIGNAGES

Publié le par Régis AYATS

BALARUC AU XVIème SIECLE DEUX TEMOIGNAGES

THOMAS PLATTER ET NICOLAS DORTOMAN

Dans son ouvrage Le voyage de Thomas Platter, 1595-1599 (Le siècle des Platter II), Paris, Fayard, Emmanuel Le Roy Ladurie raconte le récit de voyage à travers le Sud de la France, du suisse Thomas Platter (1574-1628), venu étudier à la Faculté de médecine de Montpellier. Il consacre une longue notice à son passage à Balaruc et ses bains :

C’est une bourgade située à quatre lieues de parcours depuis Montpellier et à une demi-heure de marche de la rive de l’étang de Thau. Cette localité dispose d’une bonne enceinte de remparts. On y dénombre environ quatre-vingt ou cent maisons, mais pas d’artisans. Les habitants sont pêcheurs pour la plupart d’entre eux ; les autres sont mariniers, vignerons ou cultivateurs de champs de céréales."

Le matin du 14 octobre, nous nous sommes rendus aux bains d’eaux chaudes de Balaruc. Leur établissement se situe à environ une portée d’arquebuse de notre campement de nuit, lequel dans le temps était un monastère. L’endroit où se trouvent les bains chauds, Thermae Balarucanae, est fort mal bâti, car les sources chaudes changent souvent de place, comme j’ai pu l’expérimenter en toutes sortes de lieux. C’est la raison pour laquelle, à Balaruc, on n’a pas érigé de construction importante, les sources locales n’étant ni fixes, ni fiables. Nous y vîmes pourtant quantité d’hommes et de femmes de haut parage, venus de Montpellier, Nîmes, Toulouse et autres places, fussent-elles éloignées. Ces gens-là, bon gré mal gré, se contentaient des installations locales. Car on était alors au plus fort de la saison balnéaire, à savoir en automne. Ce serait la même chose au printemps. Mais l’hiver et l’été, en matière de thermalisme, sont considérés ici comme nuisibles et l’on évite de venir à ce moment-là.

Il y avait peu de gens qui se baignaient dans l’eau chaude de Balaruc, puisque aussi bien il y a fort peu de baignoires ou d’auges balnéaires ad hoc. En règle générale, ces gens buvaient cette eau par six, huit, jusqu’à douze verres, à la fois et en une seule fois. On s’y prenait progressivement pour commencer, puis de la même façon pour finir ; exactement comme on fait pour les sources d’eaux salines. Chacun se conformait, de ce point de vue, à ce que les médecins de Montpellier conseillaient, comme devant se faire en l’occurrence. Autant dire que les eaux de Balaruc, pour ces médecins, c’est comme une riche moisson. On ne tâte en effet de ces eaux thermales que sur ordonnance et prescription desdits médecins. L’eau en question est chaude par elle-même, très fortement salée, et elle fait un effet boueux quand on la boit. On dirait presque une soupe chaude, sale… et salée. Chacun avale sa portion, puis va faire un tour dans la campagne. Les dames les plus distinguées élégantes vont de-ci, de-là par les champs, au bras de leurs serviteurs ou de leurs amoureux. L’eau de Balaruc agit immédiatement, à la manière d’une formidable purge et c’est merveille de les voir en pleine campagne qui s’en vont chier ensemble dans les buissons. Car on est au bord de l’étang ; il n’y a ni arbre ni bâtisse pour se mettre à couvert. On ne peut se cacher nulle part. On trouvera tous les renseignements sur le métal ou le minéral que contient cette eau ; sur la façon dont elle s’écoule par un canal jusqu’à l’étang, lequel n’est qu’à une portée d’arquebuse de l’établissement thermal ; sur les qualités et particularités de ces eaux balaruciennes, on trouvera tout cela, disais-je, dans un petit livre original de Monsieur Nicolas Dortoman, docteur en médecine de Montpellier. Il est imprimé en latin, et il contient un plan de cette installation thermale ; il a été publié in octavo. Il faut dire que pendant les quatre années qui ont suivi ma première visite, on a beaucoup construit sur cet emplacement ».

 

Nicola Dortoman dans son traité sur les Thermes de Balaruc 1579 décrit la situation géographique Balaruc et ses thermes avec même un dessin pour mieux préciser les choses encore si c’était nécessaire. In Traduction à paraître : Thermes de Balaruc M.F. Delpeyroux, J. Meyers, B. Perez, avec la collaboration de R. Ayats, UPV Montpellier :

« D’innombrables petits bourgs obscurs entourent cette ville de Montpellier, parmi lesquels Belilucus (les habitants l’appellent Balerucum, Balaruc) qui jouxte un étang, bourg situé à quatre lieues environ de la ville. Par rapport à Montpellier, celui-ci a 0, 5 degré de moins en longitude et 0, 4 de plus en latitude. À partir de l’étang vers le sud-est se trouvent, à distance de mille pas plus ou moins, les eaux dites de Balaruc, qui jaillissent de collines situées vers le nord, aux alentours desquelles la terre est de couleur rouge, et comme cuite par un feu souterrain, comme on le verra plus bas plus en détail : les Thermes, autrefois plus éloignés de l’étang, sont aujourd’hui plus proches, de sorte que dans l’étang même, on peut apercevoir des tourbillons d’eaux chaudes, agitées, bondissantes et comme bouillantes, qui sortent par des conduits souterrains de la cavité principale des Thermes et se déversent dans l’étang. À partir de ce point de la péninsule, les eaux de Balaruc sont presque encerclées par la mer à l’est, au sud et à l’ouest, de sorte que Balaruc n’est accessible que par le côté nord, qui le rattache à la terre et qui est montueux, rude, rocailleux et aride.

Quant à la description particulière et au site de ce qui est davantage une cabane qu’un édifice adapté, selon la coutume ancestrale, à des Thermes si importants, à la description du bourg de Balaruc, du chemin qui mène du bourg aux Thermes, du Bassin dans lequel se déversent les eaux, des vignes, des champs, des monticules, du sanctuaire de Notre Dame d’Aix, du site des anciens Thermes, de l’étang, de la plage et de la jetée, du bras de mer intérieur et méridional, de la colline de Sète, etc., la figure qui suit en montrera la carte détaillée ».

 

Carte détaillée XVIème  Thomas Platter  Nicolas Dortoman
Carte détaillée XVIème  Thomas Platter  Nicolas Dortoman
Carte détaillée XVIème  Thomas Platter  Nicolas Dortoman

Carte détaillée XVIème Thomas Platter Nicolas Dortoman

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